28 septembre 2011

Horrible Bosses (VF: Comment tuer son boss) de Seth Gordon avec Kevin Spacey, Jason Bateman, Charlie Day, Jason Sudeikis, Colin Farell, Jennifer Aniston, Jamie Foxx



Le casting mettait l'eau à la bouche, le pitch était prometteur, allait-on avoir droit à une comédie américaine délicieusement décalée comme nous l'avait démontré "Hangover" (Very bad Trip) ?
Et bien il y a une ligne infime entre comédie réussie et nanar vulgaire et insipide, qui recopie les codes les plus éculés et les plus usés. Ligne largement franchie par Seth Gordon et ses comparses dans cette farce lamentable où l'on se demande tout le long: "Qu'ai-je été faire dans cette galère?".

Pourtant le début du film démarrait plutôt bien avec la présentation de Jason Bateman (Hancock, Juno, State of play) et de son patron l'horripilant Kevin Spacey qu'on ne présente plus (inoubliable Keyser Söze dans Usuals Suspects). Une phrase mémorable où Monsieur Bateman explique que pour garder un boulot il faut accepter que "l'on vous fasse chier". Puis viennent ensuite la présentation des deux autres personnages qui donnent alors leur réelle dimension au film. Un chute vers la vulgarité sans bornes en passant par le ridicule puis l'insoutenable absence d'humour subtil. Alors entendons-nous bien, je ne m'attendais pas à voir un chef-d'oeuvre mais au moins à rire un petit peu. Et bien c'était complètement raté.

La seule scène qui m'a fait sourire c'est lorsque Jason Bateman balance par la fenêtre Kevin Spacey dans un fantasme que beaucoup d'entre nous peuvent partager  dans leur relations de travail quotidiennes. D'aucuns me diront qu'effectivement Jennifer Aniston change de registre et prend beaucoup de risques quant à son image dans son rôle de nymphomane psychopathe, mais la voir à moitié à poil tout le long du film n'est pas un argument suffisamment porteur pour asseoir le film. Comme Colin Farrell qui joue un cocaïnomane psychotique mais qui aligne les clichés et qu'on aurait aimé voir plus dans le film.

Mais non, le scénario se focalise sur ces trois idiots qui veulent tuer leur patron et qui demandent conseil à Jamie Foxx dans une scène pathétique de ridicule tant elle est téléphonée. Les 3 blancs qui demandent au black de tuer. Je vous passe les commentaires graveleux, les situations de quiproquo vues et revues et l'étalage de vulgarité poussé à son maximum. Au milieu du film, on ne veut même plus savoir comment cela se termine.

Ajoutez à cela une mise en scène digne d'un téléfilm des années 80, un bêtisier de fin où l'on se rend compte qu'en fait ceux qui se sont le plus marré, ce sont les acteurs.

Horrible Bosses mérite une seule chose, le fond de la poubelle. Et prions pour que les grands acteurs qui y ont joué tournent vite la page de cette mauvaise blague.


A vos risques et périls!





27 septembre 2011

Requiem pour une tueuse de Jerôme Legris avec Mélanie Laurent, Clovis Cornillac, Tchéky Karyo



 Gros coup de coeur pour ce premier film de Jerôme Legris. Avec des pointures du cinéma français comme Mélanie Laurent, Tchéky Karyo, Clovis Cornillac ou encore Xavier Gallais trop méconnu.
L'affiche d'abord, met l'eau à la bouche, sachant que Mélanie Laurent sait diablement bien choisir ses films ("Je vais bien ne t'en fais pas", "Le concert", "Inglorious Bastards" et autres) mais pas forcément ses choix de carrière, en référence à sa dernière dérive musicale. Mais là n'est pas le sujet. On aime ou on aime pas. 

De musique il s'agit encore avec ce film ou Lucrèce (Mélanie Laurent), tueuse à gages professionnelle accepte un dernier contrat avant de raccrocher définitivement pour sa fille. Direction la Suisse où elle devra incarner une chanteuse lyrique afin d'interpréter le Messie de Haendel pour se rapprocher de sa cible, chanteur lyrique (Christopher Stills) également, mais aussi propriétaire d'un terrain en Ecosse où devait se dessiner le tracé d'un pipeline pétrolifère d'une grande et puissante société. Mandatée par son agent (Tchéky Karyo), Lucrèce devra également affronter sans le savoir un obscur agent des services secrets français (Clovis Cornillac) qui lui aussi rempile pour une dernière mission suite à un précédent fiasco lié à ses implications émotionnelles quant aux natures de ses affectations. 

Ajoutez à cela un directeur de festival étonnant (Xavier Gallais), un prêtre véreux (Philippe Morier-Genoud), et une société pétrolifère plus que douteuse et vous obtiendrez l'un des rares films d'espionnage français n'ayant rien à envier à des pointures du genre. 

Le rythme est implacable, la photographie est léchée, les effets spéciaux impressionnants (le château a été recréé de toutes pièces), et le jeu d'acteur admirable. On ne s'ennuie pas, on s'étonne et surtout on se laisse prendre la main sans jamais deviner le dénouement. 

Mélanie Laurent confirme ici son énorme potentiel et se pose en actrice française incontournable au niveau international. Quel bonheur également de retrouver Tchéky Karyo, qui nous avait émerveillé dans "Nikita", mais qui s'était quelque peu égaré dans des films comme "Doberman" ou encore "Le baiser du dragon". 

Clovis Cornillac nous montre qu'il peut revêtir cette classe d'acteur qui nous avait marqué dans "Un long dimanche de fiancailles" et assied peut-être son rôle le plus "épais" le concernant.

Enfin Xavier Gallais nous offre un aperçu d'un talent insoupçonné pour les personnages fragiles sachant faire passer des torrents d'émotions dans un rôle taillé à sa mesure. 

La réalisation n'a rien à envier aux plus grands et je peux déjà vous dire qu'on ré-entendra parler de Jérôme Legris. Souhaitons-le lui et souhaitons-le nous. 

Bon film!










Don't be afraid of the dark (2011) de Troy Nixey, avec Kathie Holmes, Guy Pearce, Bailee Madison


Dans la lignée du "Labyrinthe de Pan" , Guillermo Del Toro, qu'on ne présente plus (Hellboy I et II, Blade II et j'en passe) revient signer cet opus en tant que producteur, car c'est un quasi inconnu qui s'attèle à la réalisation de ce film dit "d'horreur". On ne peut s'empêcher néanmoins d'y voir de manière perpétuelle la patte du maître. Ayant signé également le Screenplay, Guillermo Del Toro confie à Troy Nixey les manettes d'un aspect de plus de sa vision fantasmagorique du fantastique, alliée à un goût immodéré pour faire vibrer de frayeur le spectateur dans son siège.

Troy Nixey, appuyé par des acteurs concentrés et bankables (Guy Pearce, Kathie Holmes) et je dirais, dociles voire effacés dans ce film, réussit à transformer le mythe de la "Tooth Fairy" (la petite souris en fançais) si cher aux enfants perdants leurs dents de lait, de manière fantastique et terrifiante à la fois. Cela tient également beaucoup à Bailee Madison que l'on avait pu voir dans "Bridge to Terabithia" et "Brothers", qui arrive à retranscrire toute la frustration d'un enfant qui ne peut communiquer ses peurs aux adultes de peur d'être incomprise.

L'histoire est celle de Sally (Bailee Madison), 10 ans qui se voit confiée à son père par sa mère pour une durée indéterminée. Son père (Guy Pearce) est en couple avec Kim (Kathie Holmes) et a investit dans une vieille demeure afin de la restaurer pour ainsi relancer sa carrière d'architecte. Le couple et l'enfant s'installent alors dans une magnifique maison habitée anciennement par un célèbre peintre paysagiste. Mais la demeure détient de sombres secrets et Sally met à jour un sous-sol scellé qui ne devait à aucun prix être découvert. C'est alors que dans sa solitude elle entend des voix l'appeler et des phénomènes intrigants se mettent à exister pour la petite fille. Je n'en dirais pas plus car ce serait spoiler.

On est loin d'un film à suspense comme "the ring" (l'original s'entend et non c'est immonde remake américain) ou d'un flippant "6ème sens". L'originalité ici se situe dans la richesse des décors, et dans la créativité de la narration. Le malaise du spectateur est renforcé par ce que Guillermo Del Toro arrive si bien à retranscrire: un imaginaire débridé concernant la conception de "créatures" qui lui sont chères et qui nous surprennent sans cesse. Allié à un environnement semblable à ceux de Tim Burton, le film fait mouche là où certains ce seraient cassé les dents. L'ambiance et l'atmosphère font de "Don't be afraid of the dark" (j'attends de voir la tradi française avec appréhension) plus un thriller ésotérique qu'un film d'horreur.

Troy Nixey reprend les thèmes du "Labyrinthe de Pan" à savoir la fragilité de l'enfance confrontée au monde des adultes qui souvent semblent plus infantiles que l'enfant. L'enfance réfugiée dans le monde du rêve qui voit soudainement ses cauchemars prendre vie. Allégorie répétée dans la majeur partie des oeuvres de Del Toro.

Pour autant, là ou Troy Nixey pêche, c'est par son manque de suggestion. Un film fait pour faire peur doit suggérer un minimum afin de ne laisser aucun répit au spectateur. Il est regrettable par certains aspects d'avoir fait apparaître les créatures un peu trop tôt. Le final également manque de finesse et semble un peu trop expédié.

Il n'en reste que ce film saura vous trouver si vous aimez les contes fantastiques et, évidemment, si vous avez peur du noir.


DRIVE (2011) Réalisé par Nicolas Winding Refn avec Ryan Gossling, Carey Mulligan

L'on parle beaucoup de Monsieur Ryan Gossling en ce moment. Que ce soit dans les journaux, à la télévision ou dans la presse spécialisée. Et ce, à juste titre. Son dernier film, DRIVE a enflammé le dernier festival de Cannes pour sa justesse de son jeu d'acteur accouplé à une maîtrise visuelle de son réalisateur Monsieur Winding Refn. Ce dernier s'était fait remarqué récemment pour son très étrange "Valhalla Rising", film obscur dans sa narration mais brillant par sa photographie et par sa sauvagerie naturelle. Nicolas Winding Refn assurait alors déjà une remarquable direction d'acteurs liée a un sens très poussé de l'utilisation des silences dans ses oeuvres. Il semble porter une très grande importance aux non-dits de ses personnages principaux ce qui accentue l'envie du spectateur d'en savoir plus et ainsi d'accrocher à la trame de ces films, préférant le choc visuel des images, à des dialogues trop téléphonés.

Mais revenons à DRIVE. Dès le générique, nous revoilà retombés dans les années 80, que ce soit par le vecteur de la musique, ou celui de la typographie utilisée. Mélangés subtilement à une mise en scène très moderne et en complémentarité totale avec son sujet. Le réalisateur nous fait découvrir un Los Angeles tentaculaire où il fait bon se perdre en compagnie du "driver" Ryan Gossling ou par ses prise de vues aériennes, somptueuses d'esthétisme.

Ce n'est pas tant la trame qui est importante, mais la manière qu'a le réalisateur de la mettre en images. Le Driver est cascadeur le jour pour un studio de cinéma et conduit la nuit des truands lors de leurs opération délictueuses sans prendre jamais part à ces délits. Il se lie à sa voisine de palier et son fils dont le mari est en prison. Ce dernier en sortant se voit contraint de réaliser un ultime forfait afin de payer ses dettes et le driver décide de le conduire afin de mettre un terme aux menaces qui peuvent peser sur sa femme et son fils. Après s'être fait doubler, le driver n'a d'autre choix que de retrouver les commanditaires et de les éliminer afin de protéger la veuve et l'orphelin. Rien de très nouveau. 

Là où le réalisateur fait fort, c'est de construire son récit dans un rythme allant crescendo. Le début du film est lent et prend le temps d'installer les différents protagonistes, tournant tous autour du driver qui lui, est pratiquement absent verbalement des évènements, qui pourtant vont l'affecter très rapidement. 

On saura peut de choses sur son passé et sur ses motivations. La tristesse qui émane de son personnage se fait essentiellement par un jeu d'acteur sobre mais efficace. Et c'est là tout le génie de Ryan Gossling. Il arrive à nous faire passer des émotions violentes et exacerbées avec un jeu minimaliste. Le réalisateur y est pour beaucoup par sa direction d'acteurs et l'on retrouve la même puissance qu'avec Mads Mikkeslsen dans "Valhalla Rising". 

Il va sans dire que tous ces éléments combinés, direction d'acteur, photographie du film, jeu de lumières, rythme de la narration et musique nostalgique nous plongent tout droit dans une oeuvre d'une richesse absolue et qui mérite d'être relevée. La violence y est traitée de manière très crue mais jamais gratuitement. Elle semble être le constat d'une époque, d'une ville et d'une société. Elle s'inscrit parfaitement dans le scénario et déroule d'un raisonnement logique.

Nicolas Winding Refn gagne en maturité avec "DRIVE" et se pose en réalisateur avec lequel il faut compter. 

Je ne saurais trop vous recommander ce film noir, d'une profondeur certaine, et qui vous suivra longtemps après sa lecture. Cela faisait longtemps que l'on avait pas eu une belle leçon de cinéma, et pour cela Monsieur Winding Refn, je vous dis merci.

PS: A noter que l'acteur Ryan Gossling s'était déjà fait remarquer dans ce très juste film "Danny Balint"